Société / Crise à Adjamé Village : Les Tchagba Accusent le Chef Coutumier de Dérives Graves

À Adjamé village, quartier historique de la commune d’Adjamé, une crise d’autorité secoue le pouvoir coutumier. Le collectif des Tchagba, génération actuellement détentrice du pouvoir selon la tradition Atchan, dénonce publiquement le comportement du chef du village, NANGUI Boua Chérubin Isaac, qu’ils accusent de multiples dérives.
Dans une déclaration ferme à la presse, les Tchagba pointent du doigt une gestion unilatérale et opaque des affaires du village. Selon eux, le chef du village piétine le code coutumier – pourtant signé de sa main – et gouverne dans une logique de division, écartant les notables et méprisant les règles ancestrales.
« Ce que nous dénonçons, c’est un chef qui rejette notre code coutumier signé par lui-même. Il agit en autocrate, détourne les finances du village, divise les notables et méprise nos traditions. Ce n’est pas l’esprit Atchan », a affirmé le porte-parole du collectif.
Le dossier explosif du 4e pont d’Abidjan vient envenimer les tensions. Alors qu’un protocole d’accord avait été établi avec les autorités étatiques pour accompagner la réalisation de cette infrastructure majeure, les Tchagba accusent le chef d’avoir désavoué cet engagement, semant la confusion et provoquant des troubles graves.
« Il a refusé de reconnaître le décret de l’État, désinformé le village entier, et cela a eu des conséquences tragiques. Des vies ont été perdues. Ce n’est pas cela diriger », a déploré l’un des doyens du village.
En plus du blocage du projet, les griefs portent aussi sur la non-tenue des réunions coutumières, l’exclusion de figures importantes du village et des accusations diffamatoires lancées contre des personnalités respectées.
Face à cette crise qui menace la cohésion sociale et la paix dans le village, les Tchagba en appellent aux autorités coutumières et administratives pour que des mesures urgentes soient prises. Le chef du village, lui, garde le silence.
Un silence jugé pesant par ses détracteurs, qui redoutent une fracture profonde si rien n’est fait.

Diane Kablankan